Des genres au queer
rencontre

Brice Dellsperger, Body Double
Tandis que les mouvements féministes datent des années 1960, depuis 2005, les relations entre les pratiques artistiques et les différentes formes de théorisation des politiques identitaires imprègnent les musées à Los Angeles, Paris, Tokyo sous les termes de global feminism, gender ou queer studies. L’heure semble à l’historicisation. Si l’histoire de l’art féministe et genrée est désormais entrée dans les pratiques académiques (Lille 3, Paris 8) et les écoles d’art françaises (Quimper, Bourges, Annecy), le queer et les politiques sexuelles sont plus rarement discutées en tant que méthodologies d’interprétation ou comme lieu d’interrogation de l’histoire des représentations.
Selon Joan W. Scott1, le genre est avant tout un outil d’analyse historique. Travailler à partir de cet outil suppose donc de discuter de la norme, mais aussi de la performativité du sujet, de la construction sociale du corps et de l’arbitraire des valeurs de représentations distribuées aux femmes et aux hommes et surtout des relations de pouvoir. Les terminologies queerdans les pensées de Teresa de Lauretis ou de Marie-Hélène Bourcier, se nourrissent au contraire de la critique du sujet de Trouble dans le genre de Judith Butler au profit d’une dynamique de résistance, et d’une politisation du champ sexuel. Cette négociation entre politiques identitaires et politiques sexuelles dans le champ de l’art nécessite d’être interrogée depuis l’espace situé de l’école d’art.
Ces journées ont pour objectif de discuter des pratiques artistiques contemporaines à partir des politiques et théories identitaires et sexuelles. Quels sont les usages et les apports des pratiques artistiques aux théories genrées et aux théories queer? Ainsi, nous avons invité des artistes, critiques, historien·nes de l’art, à articuler les différentes acceptions du champ des politiques identitaires et sexuelles. Les études de genre et les queer studies sont pratiquées et travaillées indépendamment par la création contemporaine, comme outil critique permettant une analyse des constructions identitaires au cœur de l’analyse des savoirs, comme méthodologie de réécriture de l’histoire de l’art, et comme lieu d’énonciation spécifique.
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Joan W. Scott, «Genre: une catégorie utile d’analyse historique», Cahiers du GRIF, Paris, printemps 1988, p. 45
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Dorothée Smith

Tony Regazzoni

Jean-Luc Verna
Rencontres organisées par la VIlla Arson
dans le cadre du réseau ECART

Table ronde modérée par Patrice Blouin
PROGRAMME DES INTERVENTIONS À LA VILLA ARSON
Jeudi 19 février
- 18h00: Accueil des participants, ouverture officielle par Jean-Pierre Simon, directeur de la Villa Arson, Amel Nafti, directrice des études et de la recherche et Frédéric Bauchet, artiste, professeur de céramique
- 18h30: Conférence inaugurale par Marie-Hélène Bourcier, activiste et théoricienne, maître de conférences HDR à l’Université de Lille 3; Queer bodies as battlegrounds: Art et subcultures queer
Vendredi 20 février
- 9h00: Accueil
- 9h30: Introduction par Sophie Orlando, historienne de l’art
- 10h00: Brice Dellsperger, artiste; Un genre de Cinéma
- 11h00: Jean-Luc Verna, artiste et professeur à l’École européenne supérieure de l’image de Poitiers; Discussion/débat avec Brice Dellsperger, Frédéric Bauchet et Catherine Macchi, historienne de l’art
- 12h30: Pause déjeuner
- 14h30: Damien Delille, historien de l’art et Tony Regazzoni, artiste; Queer as Pop
- 15h30: Dorothée Smith, artiste, photographe et philosophe; De l’entre-deux, espace inassignable et indéterminé qui ouvre à tous les possibles
- 16h30: Pause
- 17h00: Pauline Boudry & Renate Lorenz; Projection du film To Valerie Solanas and Marylin Monroe in recognition of their desperation (2013), introduite par Isabelle Alfonsi (galerie Marcelle Alix, Paris)
- 17h30: Table Ronde dirigée par Patrice Blouin; Marie-Hélène Bourcier, Tony Regazzoni, Damien Delille, Brice Dellsperger, Jean‑Luc Verna
- 19h30: Réception
Samedi 21 février
- 10h00: Damien Delille, historien de l’art; Écrire une histoire de l’art queer
- 11h00: Émilie Jouvet, réalisatrice et photographe
- 12h00: Conclusions
- 13h00: Réception de clôture