Denis Chevallier
intervenant
Au bazar du genre, Féminin/masculin en Méditerranée
exposition

affiche de l'exposition
Profitant de l’ouverture du tout nouveau Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée dans le contexte de Marseille Capitale Européenne de la culture, et de la scénographie épurée de Didier Faustino, l’exposition Au bazar du genre, Féminin/Masculin en Méditerranée a permis à plus de 400 000 visiteurs d’être tantôt surpris, souvent intéressés, parfois choqués de découvrir quelques-unes des manières dont l’ordre des sexes, souvent décrit comme immuable, était profondément remis en cause un peu partout en Méditerranée.
L'exposition partait du constat qu’en Méditerranée, comme ailleurs dans le monde, les relations entre masculin et féminin sont largement déterminées par la domination des hommes. Elle montrait comment cet ordre était remis en question: luttes des femmes pour obtenir les mêmes droits que les hommes dans les domaines politiques, professionnels ou de leur vie amoureuse; revendications des minorités sexuelles pour la reconnaissance de leurs droits; nouvelles manières de se rencontrer, de procréer, de faire couple, etc. L’exposition insistait aussi sur les résistances des institutions politiques, sociales, religieuses aux changements consacrant des sections à l’injonction de la virginité dans les sociétés méditerranéennes, au port du voile qui se répand dans une grande partie du monde musulman ou à une homophobie toujours présente malgré certaines avancées comme le droit au mariage pour les homosexuels dans une partie des pays du bassin méditerranéen.
Les cinq parties de l’exposition étaient surmontées par des bannières qui claquaient comme des slogans: ?
- Mon ventre m’appartient présentait les luttes des femmes pour disposer de leur corps et choisir leur sexualité.
- En marche vers l’égalité abordait les combats pour l’égalité et une meilleure répartition des pouvoirs entre les sexes.
- Vivre sa différence faisait le constat d’une plus grande tolérance des sociétés vis-à-vis des minorités sexuelles mais montrait que cette tolérance était loin de faire l’unanimité.
- Mon prince viendra invitait à visiter les nouveaux paysages des rapports amoureux en abordant notamment les aspects paradoxaux des sites de rencontres par internet qui donnent l’illusion d’une plus grande liberté de choix de partenaires tout en se spécialisant sur des critères ethniques ou religieux.
- Chacun son genre enfin questionnait les manières dont les individus s’approprient ou détournent les catégories de genre pour se construire de nouvelles identités.
Au Bazar du genre le visiteur circulait parmi 350 objets quotidiens ou insolites comme un pisse-debout ou un Kit Hymen artificiel. Les œuvres d’art contemporain répondaient aux affiches militantes; les archives audiovisuelles parlaient de vierges jurées en Albanie et de l’importance de la virginité dans l’Italie rurale des sixties; une douche d’insultes homophobes jouxtait une projection d’extraits de films d’amour cultes en Méditerranée.
Un bazar d’où l’on ne devait pas ressortir sans se questionner, voire se remettre en question.
Les deux livres d’or remplis par le public au terme des 7 mois de présentation sont la preuve que cet objectif a bien été atteint.